L’accident des sens

Quand on reçoit x albums par mois, on en écoute le tiers dans les jours qui suivent, la moitié avec quelques semaines de retard et le reste… jamais. Bref ça n’est pas tous les jours qu’un musicien s’invite chez vous et s’installe sur la platine.J’y suis, j’y tourne, trois fois, cinq fois, dix fois et puis s’en va, non sans laisser quelques empreintes sur ma mémoire. Bon train, allez, comptez sur un bel émoi annuel.

Mais l’accident des sens cité en titre n’a pas guéri avec la même facilité. Est-ce bête ? A plus d’un an de distance, c’est le même frisson qui me parcourt.

On parle de magie de la scène, il faudra dire aussi celle du disque, suivie du grand trou hivernal et, quelque temps plus tard, par deux rencontres successives en concert. La première, prévisible, doit beaucoup à la Saint-Patrick parisienne de la Maroquinerie, en Mars 2000. La seconde, trois semaines après, improbable, doit tout au hasard : on ne fréquente jamais assez les pubs de Jakarta, Indonésie.

Fred Guichen, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a donc fait irruption sans prévenir dans ma vie musicale.

De l’accordéon en pays breton, on était au courant, des Yaouank, bien sûr. On en connaissait l’existence pour y avoir jeté une oreille intéressée, mais… Comment l’avouer ? Sans curiosité excessive. Et c’est très inopinément que l’on prend conscience, un beau jour, qu’il existe un accordéoniste nommé Fred Guichen et que ce gars fait surgir des choses proprement incroyables du soufflet qu’il tient entre ses deux mains.

Jérôme Samuel – RFI

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